Encyclopœdia – DOCUMENT 1

Interprètes : Mark Eden-Towle, Sarah Doucet | Photographe : Michael SlobodianEncyclopoedia - DOCUMENT 1

DOCUMENT 1 s’installe d’abord et avant tout comme une pièce méticuleusement composée, sur et à propos du corps, une approche considérant le corpus chorégraphique et artistique contemporain comme matière à réflexion et à utilisation, directe. Aussi, et à l’instar de toutes œuvres initiant une série, DOCUMENT 1 pose les fondements tangibles du projet Encyclopœdia, en introduit les visées; notamment sur le corps comme objet générateur de mouvement et la notion d’encyclopédie scénique.

Dans un lien continuel entre la scène et le monde extérieur, l’œuvre se construit en centaines de gestes, d’attitudes du corps, d’objets et de points de vue sur le monde et son quotidien. Combinaisons gestuelles et collections de mouvements mettent en relief les infinies possibilités motrices de certaines parties, pour la plupart du temps périphériques, du corps humain. Variations pour les bras, les mains et les pieds prennent successivement place dans un espace à la géométrie découpée, de même que des séquences chorégraphiques, étonnantes, pour la tête et la hanche, respectivement empruntées à Meg Stuart et Benoît Lachambre.

Poussant la filiation entre l’encyclopédie et l’œuvre scénique, Lynda Gaudreau positionne les corps en mouvement sur une large bande de papier blanc et insère, à l’occasion, des planches extraites de l’ouvrage titanesque de Diderot et d’Alembert. Dans cette rencontre évidente entre l’être humain et des espaces multipliés, l’artiste travaille le corps – tordu, plié, étiré, courbé, debout, allongé, etc. – et se plaît à jouer avec ce qui l’entoure – musique, univers sonores divers, vidéo, dont un extrait de Hands de Jonathan Burrows. Dans un clin d’œil pluriel, DOCUMENT 1 va même jusqu’à inclure, par le truchement de projections vidéo, l’aspect naturel, presque banal, d’actions corporelles familières à tous : courses, jeu de ballon dans un parc, motif de tricot.

De fragmentation volontaire en discontinuité, tout aussi volontaire, DOCUMENT 1 porte ainsi un regard, légèrement détaché, sur le mouvement et le monde qui l’entoure et le module, tout en tissant des liens, plutôt inattendus, entre l’art chorégraphique et la vie ordinaire.

Andrée Martin


Crédits

À P. Mills

Première : 27 septembre 1999, Festival international de nouvelle danse (Montréal, Canada)

Direction artistique et chorégraphie
Lynda Gaudreau

Danseurs
Sarah Doucet
Mark Eden-Towle
Sophie Janssens
Sophie Lavigne

Artiste invité
Benoît Lachambre

Conception scénographique et direction sonore
Lynda Gaudreau

Ingénieur sonore
Dino Giancola

Éclairages
Lucie Bazzo

Musique originale
Rober Racine
Piano (1999)

Costumes
Lynda Gaudreau
Carmen Alie
Denis Lavoie

Œuvre vidéographique intégrée
Jonathan Burrows
Hands (1995)

Film de danse par Jonathan Burrows, Adam Roberts et Matteo Fargion
Musique : Matteo Fargion
Vidéo prêtée avec l’aimable autorisation du Arts Council of England.

Œuvres chorégraphiques intégrées
Meg Stuart et Damaged Goods
Extrait de No Longer Readymade (1993)
Interprète : Benoît Lachambre
Musique : Hahn Rowe

Benoît Lachambre
Solo à la hanche (1999)
(création originale)

Accessoires chorégraphiques
Daniel Larrieu
Feutre (1999)
(le ballon et les plumes)

Entretiens intégrés
Barbara De Coninck
Les oiseaux et le mouvement

Jérôme Bel
Propos sur la création

Répétitrices
AnneBruce Falconer
France Roy

Œuvre vidéographique originale
Marlene Millar
Philip Szporer
Lynda Gaudreau

Interprètes : Dwayne Bromfield, Loan Duong, David A. Peters, Mark Eden-Towle, Roger Beaulne, Alexina Cowan et AnneBruce Falconer
Directeur photo : Michael Wees
Son : Duraid Munajim
Montage vidéographique : Michel Giroux
Montage sonore : Martin Hurtubise
Le projet vidéo a bénéficié de la participation financière de PRIM.

Une coproduction du Festival international de nouvelle danse (Montréal, Canada), du Centre national des Arts (Ottawa, Canada) et de la Compagnie De Brune.

Lynda Gaudreau a obtenu le statut d’artiste en résidence aux studios de La La La Human Steps pour la saison 1998-1999.

Partenaires du projet : Théâtre de la Ville (Longueuil, Québec), Centre chorégraphique national de Tours (France).

Durée : 70 minutes (sans entracte)


Extraits de presse

Une soirée de danse magique : DOCUMENT 1, de la Canadienne Lynda Gaudreau, esquisse un alphabet poétique du corps humain [...].

DOCUMENT 1 fascine du début à la fin.

Eva Bucher, Neue Luzerner Zeitung (Suisse), 11 novembre 2001


Odenthal [Directeur, Département des arts de la scène, Haus Der Kulturen der Welt, Berlin] a noté qu’au XVIe siècle, on tenta de re-systématiser le savoir. Ce fut dans les brèches de ce savoir, là où le monde n’avait pas encore été exploré, que les artistes et les utopistes créèrent leurs mondes imaginaires.

C’est précisément ce que fait Lynda Gaudreau dans ses chorégraphies.

Ulrike Geist, Oranienburger Generalanzieger (Allemagne), 15 août 2000


Avec sa Compagnie De Brune, l’artiste canadienne, reconnue pour ses créations rigoureuses, recherche l’essence des choses. [...] Pourtant, par son radicalisme formel, DOCUMENT 1 est l’un des moments forts de cette édition de l’Internationales Tanzfest Berlin.

Kerstin Rottman, Die Welt (Allemagne), 15 août 2000


[...] un échange dramatique passionné, leste et dansé sur le répertoire contemporain.

Andrea Amort, Wiener Kurier (Autriche), 9 août 2000


C’était, tout comme le reste de la soirée, purement intellectuel. Et c’était un pur délice.

Jenny Jackson, The Ottawa Citizen (Canada), 25 février 2000


Le premier effet de surprise que DOCUMENT 1 produit se trouve justement là, dans l’audace de créer une forme artistique inédite pour explorer la question toujours polémique des liens esthétiques.

Il s’agit d’une excellente opportunité de découvrir la différence qui fait la différence en matière de danse.

Helena Katz, O Estado de São Paulo (Brésil), 18 janvier 2000


Cette méthode de travail extrêmement concentrée se reflète dans la sobriété de la mise en scène. L’œuvre n’en brille pas moins de la fascination de Gaudreau pour l’archivistique, pour l’exploration d’inépuisables modes d’ordonnancement.

Le résultat est une pièce au développement organique qui s’écarte de l’exercice mathématique ou purement technique. Il doit plutôt sa douce bien que saisissante force visuelle à un tissage attentif et délicat de couches chorégraphiques et dramatiques complexes.

Sabine Huschka, Tanzdrama (Allemagne), 2000


Un minimalisme poétique surgit, rythmant pour ainsi dire les divers fragments et les rassemblant de manière à unifier la composition. La conception conventionnelle de l’auteur s’en trouve bouleversée.

[...] Tout comme chez Jérôme Bel, quoique par l’entremise de moyens différents, un espace ludique éclot et confronte le sujet, conçu comme notion centrale de l’art moderne, à un collectif imaginaire.

L’intention culturelle et politique qu’avait Diderot en publiant son Encyclopédie au XVIIIe siècle, à savoir la démocratisation de la connaissance, est également ce qui a inspiré Lynda Gaudreau à tenter une redéfinition du travail chorégraphique.

Johannes Odenthal, Ballet International–Tanz Aktuell (Allemagne), novembre 1999


Lynda Gaudreau a la merveilleuse habitude de transformer sa recherche chorégraphique, de prime abord très clinique et formelle, en quelque chose d’incroyablement pur et d’extrêmement émouvant.

DOCUMENT 1 porte sur les bras, les mains, les pieds et les hanches et le résultats est tout à fait fascinant. Chaque tableau est une véritable planche d’encyclopédie vivante...

Stéphanie Brody, La Presse (Canada), 28 septembre 1999


Comme toujours, Gaudreau juxtapose formes et perspectives, trouvant de nouvelles manières de nous aider à apprécier le corps – peu importe lequel.

Linde Howe-Beck, The Gazette (Canada), 28 septembre 1999

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